La
branche
Amédée Prouvost






  Henri I Prouvost     1783-1850

Maire adjoint de Roubaix, de 1821 à 1826,

Membre du Conseil de fabrique de Saint Martin à Roubaix de 1826 à 1847,

Administrateur des hospices de 1817 à 1822 ,

Maître de manufacture, 

ancienne-mairie-roubaix     Prouvost-Defrenne    roubaix-eglise-saint-martin

époux Liévinne Defrenne (1791-1824) , fille de Liévin Joseph de Frenne (1750-1814), Maître de manufacture, marchand drapier, administrateur des hospices, 
" chef de la branche ainée de la famille de Frenne"  (Leuridan) et de Clémentine Dervaux.

Outre Henri, Augustin, Liévin et Amédée,
il y eut aussi  Adolphe Eutrope Prouvost (1822-1884) qui secondera Amédée à la tête de l'entreprise familiale, dont Marie et Adolphe-Henri ; et enfin Henriette.

La famille de Frenne 

leuridan

Théodore Leuridan dans « les Vieilles Seigneuries de Roubaix » disait en 1893 :" La famille de Frenne est sans doute l'une des plus jeunes de nos familles échevinales puisque son établissement à Roubaix compte à peine 175 ans, mais elle n'en est pas moins distinguée, On la dit originaire de Néchin dont la partie française faisait corps avec le marquisat de Roubaix et où florissaient des familles de Frenne de diverses conditions. Celle dont il est ici question a pour auteur Liévin de Frenne qui épousa à Roubaix, en 1718, Marie-Jeanne Roussel, fille de Pierre Roussel et de Jeanne Castel. Le mariage fut célébré en présence du pasteur de Flers et de Jacques du Jardin, son vicaire, uni au contractant par des liens de parenté. Liévin de Frenne se plaça dès l’abord au premier rang des manufacturiers de Roubaix. Sa descendance a fourni deux échevins sous l’Ancien Régime et deux administrateurs du parti modéré dans la période de 1790 à la constitution de l’an VIII. IL est le 17 janvier 1743, laissant: Marie-Henriette-Joseph de Frenne qui épousa, - en premières noces, Jean-Charles de Laoutre et, en secondes noces, Jacques Charvet, de Lille, né en Dauphiné; - Liévin-Joseph de Frenne qui suit; - et Geneviève-Joseph de Frenne qui s’allia, en première noce, à Jean-Baptiste de Laoutre et, en secondes noces, en 1768, à André-Joseph Desmazières, licencié en médecine, né à Templeuve en Pévèle, mais habitant Roubaix depuis 19 ans et veuf d'Ursule-Henriette Florin. Liévin-Joseph de Frenne, manufacturier, épousa, en 1749, comme il a été dit ci-dessus, Augustine-Joseph du Jardin, qui mourut vers 1754, laissant deux enfants en bas âge : Liévin-Joseph de Frêne et Ursule-Joseph de Frenne. Il se remaria, le 21 septembre 1755, a Augustine- Elisabeth-Joseph Prouvost, de l'une de nos grandes familles de Roubaix. II était échevin en 1757-1758. Parmi les biens que dame Augustine-Joseph du Jardin avait apportés en dot se trouve mentionné le fief-flégard du Gaucquier. M. de Frenne-Prouvost l'offrit, en 1785, avec les bois y croissant estimés 600 francs, à Lievin-Joseph de Frenne, le fils qu'il avait retenu de son premier mariage et qui avait épousé Marie-Angélique Dervaux, de Tourcoing ; mais celui-ci préféra recevoir le prix en argent  de sorte que le Gauquier resta aux mains de M de Frenne-Prouvost. De son second mariage, ce dernier eut neuf enfants qui s’allièrent aux familles de Le Becque, de Laoutre, Florin et Gruart, de Roubaix ; Vernier, de Lille ; Desmons, de Templeuve et Duquesne de Tourcoing. Deux d’entre eux : Jean-Baptiste-Joseph et Floris-Louis-Joseph, formèrent de nouvelles branches, Liévin-Joseph de Frenne-Dervaux, du premier lit, étant le chef de la branche ainée. Ces trois branches ont actuellement de nombreux représentants à Roubaix et au dehors. "  

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                                                                                                                      d'où les branches:                                                                                                                                         Autre Branche:

                                  15: Henri II Prouvost            Liévin Prouvost            Amédée I Prouvost                                        Benjamin Prouvost
                                          1810-1857                                                     1818-1869                                                    1820-1885                                                                                      1820-1896                

              hotel-prouvost-roubaixchapelle-hotel-prouvost-roubaix                         Hotel-amedee-prouvost-roubaixvert-bois-branche-amedee-prouvost

 

15: Amédée I Prouvost 1819-1885
Amédée I Prouvost -1819-1885

" Né en 1819, il connut une prime jeunesse turbulente et trépigne a la pensée d'une vie placide et monotone.

A 20 ans, se sentant l'âme d'un novateur, il brise avec des horizons trop étroits et entreprend de voyager. Non pas en diligence, mais à cheval. Il fait son tour de France et envoie a sa famille des lettres et des notes de voyage où s’entremêlent des impressions d'artiste et des vues très objectives sur les réalités industrielles qu'il découvre au hasard de ses pérégrinations.

A 25 ans, il revient au bercail et épouse une jeune lilloise, Joséphine Yon. La cérémonie de leur mariage eut lieu à minuit comme le voulaient les usages de l’époque. II trouve en elle une créature exquise de douceur et de tendresse qui sera pour lui le plus sûr appui tant sur le plan des affaires que dans le domaine social. Tandis qu’elle visitait les pauvres du quartier, Amédée, pendant l'épidémie de choléra de 1866, se rendait au chevet des malades dans leurs taudis.

A cette époque, l'idée de substituer au peignage à la main de la laine, le peignage mécanique est dans l’air. En 1845 les Anglais avaient déjà monté une usine à Saint-Denis appliquant cette technique et la transfèrent à Croix.

Amédée prend la grande décision. Il s’ouvre de ses projets aux trois frères Lefebvre qui vont commanditer son entreprise.

En 1851, 16 peigneuses Schlumberger et 5 peigneuses Passavant sont installées dans la rue du Fort et sortent les premiers rubans de peignes : le peignage Amédée Prouvost et Cie est né. 90 tonnes de laine par an et quatre ans plus tard, nouvelle étape avec la construction d'une seconde usine, rue du Collège ou Amédée acquiert les licences de la peigneuse Rawson.

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En 1867, lors de sa visite dans le Nord, l'empereur Napoléon III, accompagné de l'impératrice Eugénie, demande a visiter cette nouvelle usine. Surprises et admiratives, « leurs Majestés» découvrent 1'industrie lainière. A ce moment-la, les deux usines réalisent une production de plus de 4 millions de kilos de peignes et occupent 700 ouvriers.

 « Du 26 au 29 août 1867, l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie effectuent un voyage officiel dans le nord de la France pour commémorer le bicentenaire du rattachement des villes de Flandre au territoire français – conquises par Louis XIV en 1667, elles ont été officiellement et définitivement intégrées au royaume par le traité d’Aix-la-Chapelle, conclu avec l’Espagne le 2 mai 1668. Les souverains s’arrêtent successivement à Arras, Lille, Dunkerque, Tourcoing, Roubaix et Amiens. Ils visitent des établissements industriels, hospitaliers, pénitentiaires, comme ils le font traditionnellement au cours de leurs déplacements officiels, mais ce voyage est surtout l’occasion, pour Napoléon III, de faire prendre conscience à la population de la gravité de la situation internationale et de préparer les esprits à un éventuel conflit avec la Prusse. Les discours qu’il prononce à Arras et, surtout, à Lille, sont, à cet égard, révélateurs : « Des points noirs sont venus assombrir notre horizon », déclare l’empereur, qui termine cependant son allocution en incitant les Français à la confiance. 

L'Empereur Napoléon III, accompagné de l'Impératrice, vient visiter les usines du Nord et, entr'autres, celles d'Amédée Prouvost et Cie, le 29 août 1867, frère d’Henri Prouvost-Florin. 

Un compte rendu officiel donne la relation suivante : 

« Leurs Majestés, malgré la température élevée, «ont traverse entièrement le peignage dans ses « deux subdivisions. Elles ont remarque particulièrement une peigneuse Noble, une Rawson et « les cardes, adressant à chaque pas des demandes « de renseignements et n’ont eu que des éloges a « distribuer. Tout a été prévu dans ce magnifique « établissement pour le bien-être des ouvriers et « ouvrières et aucune des institutions modernes de « bienfaisance ne lui fait défaut.

«L'Empereur s’est ensuite rendu chez Messieurs Lefebvre-Ducatteau Frères et a parcouru « le tissage et la filature. A la sortie de leurs ateliers, «une conversation s’est engagée entre leurs Majestés et Messieurs Prouvost et Lefebvre-Ducatteau au sujet d'un plan de construction de cites ouvrières.

. «Sire, a dit Monsieur Prouvost, permettez-moi de vous faire voir les plans et détails d'une « cite de 350 maisons que nous construisons pour nos ouvriers, ainsi que le spécimen d'une de ces maisons, a l'échelle de 10 cm par mètre.

« L’Empereur s’étant arrêté en face de la maison, ayant a sa gauche l'Impératrice, a sa droite « Monsieur Jean Lefebvre et a la gauche de l'Impératrice Monsieur Amédée Prouvost, a dit a « Monsieur Jean Lefebvre:

«Ces maisons me paraissent bien; combien vous coutent-elles de construction et terrain et combien peuvent-elles loger de ménages?

« Sire, répondit Monsieur Jean Lefebvre, selon « les habitudes du pays, chaque ménage a sa maison particulière et celles-ci nous coutent 3.000 francs chacune, terrain compris. La salle front à la rue « a une dimension de 4 m. 50 sur 3m. de largeur, «précisa-t-il en réponse a une nouvelle question  de l'Empereur.

« L'impératrice, regardant un petit bâtiment en «maçonnerie, demanda: qu'est-ce que cette place?

«L'architecte, Monsieur Deregnaucourt, répondit : c'est ce que nous appelons le débarrassoir ou la relaverie.

« L'Empereur : comment est-il agencé?

« L’Architecte : ces maisons sont construites « dos a dos de manière a laisser les cours de coté, « pour avoir plus d’air. Indépendamment, existent des grands jardins au centre des maisons, communs à tous les locataires.

« C'est fort bien, a dit l'Empereur».

« Et le Cortège s’est éloigné pour monter en voiture et se rendre a l’Hopital ». Puis, le couple impérial  sera reçu chez le Comte Mimerel.

J'ai cru intéressant de vous donner connaissance de ce communique pittoresque, parce qu'il préface en quelque sorte l’effort que devaient accomplir les générations suivantes, a l' exemple des fondateurs, sur ce plan d'importance capitale de la construction de maisons ouvrières.

«  Albert-Eugène Prouvost, discours du centenaire du peignage Amédée Prouvost et Cie.

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Après avoir visité les usines d'Amédée Prouvost, l'Empereur et l'Impératrice vont chez le Comte Mimerel, maire de Roubaix.

Sous la IIIe République, en 1885, Amédée disparaissait avec la satisfaction de voir la première place assurée à l'affaire qu'il avait créée et qu'il laissait à ses trois fils: Amédée, Albert et Edouard. " 

Albert Prouvost Toujours plus loin

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Hôtel Amédée Prouvost puis Lepoutre

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à Roubaix, classé Monument Historique par arrêté du 30 avril 1999, construit vers 1880 par  Amédée Prouvost-Yon, couramment appelé Hôtel Auguste Lepoutre à qui il a été loué à partir de 1902.Il  s' agit d' un hôtel d' industriel, entre cour et jardin, avec ses écuries, dont les dispositions sont encore bien conservées. Au rez-de-chaussée, trois salons côté jardin conservent des décors restés dans leur état initial, notamment des cheminées et boiseries moulurées. A l’étage, au bout du palier, existait une chapelle privée. Façade et toiture sur l’avenue des Nations-Unies ; façades et toitures sur la cour ; façade et toiture sur le jardin ; les trois salons du rez-de-chaussée donnant sur le jardin ; la cage d’escalier, y compris l’escalier (cad. BR 21, 22) : inscription par arrêté du 30 avril 1999; décor : menuiserie. Éléments protégés MH : élévation ; salon ; escalier ; décor intérieur. Site protégé : abords d'un monument historique; À partir de 1940 environ, le commissariat de police s’y est installé. Nations-Unies (avenue des) 301 et 36, rue Pellart, «  est toujours debout et abrite actuellement le commissariat central de Roubaix. La maison est imposante et sans beauté. Toutefois, y passant à l’occasion pour régler une contravention, je ne puis m'empêcher de penser au diner de mariage de mes parents et de mon oncle et tante, Joseph Toulemonde, qui eut lieu le 17 novembre 1897 et qui réunit 245 convives. J'ai aussi un pieux souvenir pour tante Claire, souvenir lié à l’anecdote suivante. En 1883 fut reçu chez notre arrière-grand-mère, Don Bosco, devenu depuis Saint Jean Bosco. Tante Claire, tout enfant, fut très déçue de cette réception car le religieux, dont on lui avait vanté la grande sainteté, n'avait pas fait de miracles comme elle s'y attendait. »

Son épouse, Joséphine Prouvost née Yon 1827-1902 :

" Mme Prouvost était grande et bien  faite, les yeux d'un joli velours marron comme ceux de son père, étaient assez perçants. Elle portait la toilette avec aisance et dignité et avait fait venir de Paris plusieurs fois des fleurs de grenade naturelles pour mêler à ses cheveux châtain foncé. Cela semblait à ce temps-la du plus grand des luxes et de longues années après on citait encore le raffinement d'une coquetterie bien  innocente. Elle chantait agréablement la romance, surtout celle de l’Isa Puget ou les romances sentimentales de Nadaud, comme « La nid abandonne ". Sa voix était sympathique et douée d'une grande expression.

Madame Amédée Prouvost, fille de M. et Mme Yon-Delaoutre, perdit son père alors qu'elle n'était âgée que de 6 ans. C’était un homme distingué et selon le portrait du temps, qui est encore dans notre famille, d'une physionomie fine et agréable.

Mme Yon  se remaria et épousa M. Lemaire. Elle donna à sa fille un soutien moral et un tuteur, car elle-même mourut en 1844, et ce fut M. Lemaire qui conduisit Mlle Yon dans le monde et pensa de bonne heure à la marier.

En effet à 17 ans elle épousait M. Amédée  Prouvost. Le mariage se fit à minuit suivant l’usage de cette époque et le jeune ménage s'installa à Roubaix où M. Prouvost était intéressé dans les affaires de M. Lemaire. Le passeport de M. Prouvost datant de 1840, avant son mariage, témoigne que pour ses affaires .Il traversait la France en tous sens, en diligence ou à cheval, et que ses tournées étalent de longue durée.

Toutes les premières années du ménage de M. et Mme Prouvost furent très heureuses. Six enfants vinrent se grouper autour d'eux. Aucune épreuve cruelle ne vint accabler Mme Prouvost avant la mort de son mari. Etait-ce son ardente piète ou toutes ses pratiques de charité qui écartèlent les douleurs s'abattant sur certaines familles? C’est le secret de la Providence. Toutes les âmes, même celles d'élite, ne sont pas menées par les mêmes chemins, et en tous cas la confiance aveugle de Mme Prouvost en la Divine Providence l’aida sobrement à vivre avec sérénité et à supporter avec abnégation. Elle était jeune et avait des enfants si jeunes que, lorsque M. Droulers vint faire la demande en mariage de la part de son jeune frère pour solliciter la main de la fille ainée de Mme Prouvost, il prit celle-ci pour la fiancée éventuelle et sa confondit ensuite en excuses sur sa méprise.

Madame Prouvost était très fêtée, non dans les réunions mondaines car Roubaix  était une trop petite ville pour que le monde y tint une grande place, mais dans les réunions intimes ou on s'égayait en bonne et due forme.

La petite propriété de M. Prouvost qu'il tenait lui-même de son père et qui s'intitulait « La Glane ", était située entre un quarter de Tourcoing appelé « L'Epinette » et le hameau du Vert-Pré. La famille y passait quatre mois d'été.

La maison s'ouvrait le matin sur la verte campagne. Elle était très sommairement aménagée mais bien abritée  sous les marronniers. Il y avait une sorte de pignon s'avançant au centre, et la porte s'ouvrant sous la marquise semblait accueillante et hospitalière. La aucune prétention à la vie de château, aucun artifice dans le séjour campagnard de ce petit coin de Flandre, Rien que le bon air d'un lot de terre de 4 hectares avec une grande pâture, une ferme attenant au petit domaine, des sentiers bordes de saules, une route pavée sur le devant ou passaient les carrioles des boulangers, puis les allées et venues des fermiers all ante le soir remiser au fond du « carin » les chariots et les instruments, et pour y arriver, un chemin ou passait un gros cheval et que des barrières blanches séparaient du jardin.

Le demi-hectare de jardin fleuri comme un bouquet de fête perpétuelle, avec les iris, les asters, les soleils et les campanules, était ce qu’on appelle « un jardin de curé », un de ces gais jardins jaunes, bleus, verts ou rouges ou toujours quelque chose bouge.

Les chemins étaient garnis de tan exhalant au soleil un arôme de bois résineux, les grands marronniers au printemps secouaient leurs fleurs blanches et roses en poudre sur le sol et les rayons du soleil I inondaient ce paysage bon enfant; tout cela avait un air de bonheur calme, d'épanouissement heureux comme les gens qui  l’habitaient. « La Glane » était donc l’ été un petit paradis pour les réunions de famille et les soupers intimes ou Nadaud acceptait souvent d'apporter sa bonne humeur et son talent de chansonner, et les invites s'attristaient de quitter un si gai séjour pour reprendre pédestrement le chemin de la ville.

Mme Prouvost ne mettait aucune prétention ni aucune recherche dans ses soins de maitresse de maison, cependant rien ne manquait jamais à l’ordonnance des repas ni à la bonne tenue des appartements ; elle était elle-même l’enseignement vivant : savoir se plier aux circonstances et de se contenter de ce que vous offre le présent. Avec une inaltérable aménité elle était à même de supporter les mécomptes, les contretemps, les déconvenues sans laisser paraitre en aucun cas le plus léger mouvement d'humeur. Sa maison était toujours en ordre, ses serviteurs lui étaient attachés, pas d'observations encombrantes et humiliantes, mais, le mot d'encouragement nécessaire.

A Roubaix, les œuvres de charité prenaient grande place dans la journée de Mme Prouvost qui fut pendant de nombreuses années présidente de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul. Que dire de sa grande charité pour soulager toutes les misères? Les visites chez les pauvres étaient quotidiennes ; elle se faisait une joie de donner chaque jour un diner a une de ces familles nécessiteuses dont un membre venait chercher la part à midi et démon était accoutume à voir sous le porche attenant à la cuisine des femmes ou des enfants assis sur un banc attendant l’ audience de leur bien fautrice qui, de l’ air le plus calme et le plus souriant, les recevait toujours avec bonté, les encourageait, les exhortant et leur glissant la piécette blanche qui était la terminaison heureuse de l’ entretien. Cette femme de bien  avait au coeur une tendresse douce et une sollicitude toujours attendrie pour ses enfants. Elle eut pendant plusieurs années ses fils éloignés d'elle, soit par les obligations des affaires qui imposaient à l’ainé des séjours en Angleterre, soit par le service militaire du second et du troisième. Elle entretenait une correspondance assidue avec eux; c'étaient de bons conseils dignes d'une mère vigilante mais aussi, et c'est ce qui ressort le plus de ses lettres fréquentes, le récit des menus faits de la famille, propres à tenir en éveil cet attachement au foyer et au sol qui est une grande sauvegarde pour la jeunesse. Elle narrait les moindres faits des oncles et tantes, cousins et cousines, dans un style famille, aimable et simple, qui faisait passer dans les yeux des absents tous les tableaux animes des réunions ou ils manquaient.

La grande édification de la famille était le petit oratoire de la maison, si pieux, si soigné, si orné de fleurs, de lampes et de lampions à toutes les intentions de celle qui y priait si souvent, que l’impression en y entrant était toujours celle du respect et du recueillement.

Après la mort de M. Prouvost qui vint en 1885 mettre le deuil pour toujours dans la vie de Mme Prouvost, les alliances de familles, les mariages des petits-enfants ayant agrandi le cercle de son entourage, même intime, le petit domaine de « La Glane » fut abandonné pour une propriété plus éloignée mais offrant plus de ressources comme espace, comme air et logement.

Chateau-Estaimbourg

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Devant le château d'Estaimbourg, Amédée II et ses soeurs; photo Hervé Toulemonde.

Le château d'Estaimbourg appartenait à des descendants (par la main gauche) des ducs de Bourgogne et était situé en Belgique dans le Hainaut, entre Pecq et Nichan. C'était une grande construction d'aspect assez banal et noirâtre, mais de proportions plutôt impressionnantes. Au milieu d'une pièce d'eau le bâtiment offrait des logements tellement vastes que souvent il comptait une trentaine d'habitants, tous très à l’aise. Chaque famille avait son quartier bien  à elle. C'était la joie des enfants les soirs d'arrivées, que ces grands corridors nus et vides desservant les chambres. Le coté de la bibliothèque de M. de Bourgogne était réservé à  Mme Prouvost, il semblait un asile de mystère digne de respect. II y avait l’ aile droite, quartier de M. le Chanoine de Bourgogne dont on voyait dans les portraits du vestibule la figure jeune et rosée un peu poupine malgré son rochet de dentelle, puis la chambre de Télémaque chère aux collégiens à cause d'un grand dessin représentant le héros grec. Les meubles, dont quelques-uns de prix, avaient tous un air vieillot des châteaux inhabités depuis de longues années. La fade odeur de l’entrée recelait un peu de désuétude, cependant, par de longues fenêtres, on avait de jolis aperçus de campagne. Le mont de la Trinite se profilait comme une taupinière sur un grand clé dominant la plaine et servait de baromètre ; on le trouvait bleu empanaché, et c'était merveille de voir que le temps était toujours en rapport avec les prévisions données par la montagne. Puis la pièce d'eau, la barque, le pont menant au bois de sapins ou la vigne verge rosissait si fort des le mois d'aout et flamboyait d'un rouge de feu des septembres, et les grands espaces, les allées sombres et ombragées, vrais délices pour les promenades du matin ou les lièvres vous barraient le passage, ou sautillaient gentiment les animaux apprivoises. Lors des fenaisons, les grandes pelouses odorantes offraient avec leurs meules de foin les taches de vieil argent qui tranchaient sur le vert sombre des sapins.

Dans les parages du potager, comment dire les appâts de ces murs couverts de pèches et ces pruniers en plein vent qu’on balançait sans respect pour voir tomber les fruits tièdes de soleil et juteux de leur sucre. Les petits murs, barrières et enclos variés qui divisaient le coin du potager déjà grand comme un petit empire, permettaient aux intrigants dévastateurs de se dérober par un bout ou par l’ autre lorsqu’ils entendaient un pas de jardiner. On retombait alors dans le parc de framboisiers ou dans les plates-bandes de fraisiers et on revenait au château, l’estomac et la conscience un peu chargée mais le cœur et la tête ensoleillés par l’ivresse de la nature. La vie à Estaimbourg était très monotone, point n'est besoin de le dissimuler, et quoique ces souvenirs n'aient le droit d’évoquer aucune satire, il est avéré qu'on cherchait l’ ombre du parc pour parer aux inconvénients du soleil, puis le soleil  pour se réchauffer de la fraicheur de l’ ombre, qu'on y discutait avec un esprit charitable et plein de douceur de I’ opportunité d'un salon au nord ou au midi, qu'on y cherchait avec une inaltérable patience le bien -être des marmots chéris qu'il fallait tenir un peu éloignés et qu'on emmenait de temps en temps pour ne pas trop fatiguer les oreilles maternelles. On parlait aussi pendant les repas des recettes culinaires les plus agréables au palais. Au moins la médisance était éloignée de ces conversations. Le soir enfin, on s'endormait en remerciant la Bonne Providence de tant de jodles goutées dans une paix si profonde. On ne se plaignait cependant pas de la monotone des jours. L'influence très bien faisant de Mme Prouvost se faisait sentir très douce à tous, grands et petits. Avec l’âge, elle était devenue encore plus indulgente, plus peleuse si possible, toujours souriante de ce bon sourire qui désarmait les moins bien  intentionnés. On la sentait recueille dans une profonde ferveur, et qui aurait ose exprimer une plainte, manifester un mécontentement?

Elle se faisait toute a tous et ne se réservait que de longues stations à l’ église si proche du château que la grille du parc séparait seulement. L'église était, grâce à ses soins, toujours bien  tenue et ornée de fleurs. Elle était sans style avec son porche bas, le petit cimetière a l’ entrée, et évoquait, cette petite église de village, un sentiment attendri en contemplant la simplicité de son architecture, I’ allure un peu barbare de son clocher, et on se répétait volontiers cette strophe chaque fois qu'on y entrait : Salut, je te revois encore,

Aussi pauvre, mais plus touchante Mon clocher d'ardoise que dore La pourpre du soleil couchant Parmi les arbres et les tuiles je vois encore se pencher son coq aux ailes immobiles Mon vieux clocher

A l’intérieur, les tombeaux de la famille de Bourgogne étaient le seul document intéressant. Les fleurs de papier ornaient la statue de Saint-Ghislain, l’orgue tremblotant auquel il manquait la moitié des touches et des jeux, ronflait sous les doigts du sacristain, menuisier du village. Le parfum d'encens mélange aux senteurs de moisi, avec la sensation de fraicheur d'une cave, tout cela vous prenait à la gorge, mais on y priait bien  et les prônes de la cure étaient écoutes sans broncher.

Mme Prouvost recevait de temps en temps son curé et les curés des environs, elle avait un grand respect pour les prêtres et peut-être avait demande depuis longtemps à Dieu la faveur de donner à l’Eglise un membre de sa famille.

L'ainé de ses petits-fils, Henri Lestienne, le tout premier de cette lignée de 27 petits-enfants qui entoura sa vieillesse, fut appelée au sacerdoce. Elle put jouir des émotions si douces de sa première messe. Dans la sainteté d'une telle vocation, Il remplit une trop courte carrière de bonnes ouvres de fondations charitables et d'exercices multiples de Dévouement. Il fut prés de sa grand-mère pour lui donner les consolations de la foi et lui fermer les yeux.

Dieu couronna cette âme de prêtre en le ceignant de l’auréole des Saints, car il mourut au champ d'honneur, comme aumôner militaire, en juin 1915, ayant été plus loin que son devoir, aussi loin que son ardeur de dévouement pouvait le conduire.

Maintenant les dernières années de Mme Prouvost sont comptées.

Elle revient à Estaimbourg cependant tous les étés. Les soirées, par les chaleurs, se passaient dans la grande galère d'entrée. Malgré son affaiblissement, elle pouvait encore faire sa partie de whist avec un de ses gendres ou de ses petits-fils. Les plus remuants sortaient jusqu'a neuf heures pour chercher des vers luisants ou étudier la cosmographe avec un oncle complaisant, mais les veillées se terminales tôt à cause du lever matinal pour la messe et aussi du départ pour Roubaix d'une partie des hôtes. En 1902 l’état de Mme Prouvost devenant alarmant, on lui recommanda le grand air et le repos d'Estaimbourg. Elle y arriva très fatiguée a la fin de juin. Elle s'affaiblit très rapidement et rendit son âme à Dieu le 25 juillet. L'agonale avait été longue et apparemment douce, avec des sursauts de vêle et des phases de prostration complète. Tous ceux qui l’approchaient étaient frappés de son aspect si calme, de son expression d'aménité, Celle qu'on lui avait toujours connue.

L'abbé, son petit-fils, ne la quittait pas. Le dernier soupir étant proche, il attendit jusqu'à midi et demi  pour y assister et put de suite dire la sainte Messe dans la petite église qui avait été si souvent témoin des oraisons de sa sainte grand-mère. Deux de ses cousins servirent, la messe, et toute la famille y assista, cherchant à travers le passage  cruel de cette terre à un monde meilleur, la figure de celle qui entrait dans le triomphe et pouvait entendre les paroles saintes. « Bon et fidèle serviteur, voici la récompense que je t’ai préparée ».   

Souvenirs de Madame Amédée II Prouvost, née Marie Bénat, ici au sujet de ses beaux parents:

D'UN SIECLE A L'AUTRE DE BRETAGNE EN FLANDRE, SOUVENIRS D'UNE GRAND'MERE 

Présentés par son petit fils Jacques Toulemonde Roubaix, 1970-1971

   Les enfants d’Amédée l et Joséphine Prouvost furent :

 Joséphine Prouvost épouse de Charles Henri Droulers

 Antoinette Marie Prouvost épouse Henri Lestienne

 Amédée Charles Prouvost époux de Marie Bénat,

    * Albert Félix Prouvost époux de Marthe Devemy

 Edouard Joseph Prouvost époux de Pauline Elisa Fauchille

    * Gabrielle Marie Prouvost époux de Léon Wibaux



16: Amédée II Prouvost  (1853-1927)

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Marie-Prouvost-Benat,sa-mere,-sa-fille-Jeanne-Toulemonde

Madame Amédée-Charles Prouvost, sa mère Joséphine Morvan et sa fille  Jeanne qui épousera Jules Toulemonde

Photo grâce à Philippe Vinchon, leur descendant.

Monsieur Amédée Prouvost est le type du grand industriel roubaisien, actif, intelligent, dominant tout un monde par l’exemple, le prestige de son travail et de son dévouement. Il est, de plus, un artiste et un lettré ; sa maison est une bibliothèque et un musée d’art. Il se délasse de ses longues journées de labeur à feuilleter les beaux livres ou à contempler sa collection de primitifs. A son école, le futur poète apprend le secrêt d’embellir par l’esprit et le goût les vies les plus austères.

On ne lui dit point, mais il voit bien que les vertus de ses ancêtres revivent en son père. Il salut en lui, avec une admiration qui grandira sans cesse, un de ces chefs de l’usine et du foyer dont il vient de contempler le magnifique cortège » Lecigne, Amédée Prouvost, Grasset, 1911

« C'est avec une grande affection et un vrai respect que j'ai cherche à évoquer les souvenirs de mes grands-parents, dans quelques pages de mon cru. Ils nous ont laissé un inoubliable souvenir. C'est un hasard qui les a fait se rencontrer mais un divin hasard si j'ose dire. J'ai toujours entendu dire qu'ils attendaient tous deux devant le confessionnal de la chapelle des Etrangers, rue de Sèvres à Paris, et que grand-père ému par la beauté de Celle qui devait devenir sa femme, chercha par la suite à la rencontrer. Le mariage fut célèbre à la basilique Sainte Clotilde, le 2 février 1875.  Les orgues étaient tenues par César Franck.

Mariage-Amedee-Prouvost-Sainte-Clotilde-Paris-2-fevrier-1875

Nos grands-parents formeront  pendant 52 ans le plus  uni, le  plus charmant et le  plus chrétien des ménages. Ceci est illustré par le testament du grand-père que m'a communique Hubert Dubois: « Je remercie ma femme du bonheur qu'elle m'a donné, de ses bontés sans nombre, de sa vertu qui m'a soutenu, encourage et fortifie. Je lui demande pardon des peines et des offenses que j'ai pu lui faire. Qu'elle soit indulgente, prie beaucoup et fasse prier beaucoup pour son époux qui l’a tant aimée ».

Les lecteurs éventuels de ces notes, s'ils s'intéressent à  l’ascendance de grand-père, pourront utilement se reporter à mon livre « Naissance d'une Métropole: Roubaix et Tourcoing au XIX• siècle », où  j'ai consacré quelques pages à  la famille et aux entreprises Prouvost. J'ai éprouvé une double joie, parmi d'autres, en réunissant la documentation pour cet ouvrage, de voir le nom de grand-père à coté de celui de mon grand-père Toulemonde, cote à cote en 1887 parmi les fondateurs du Syndicat Mixte de l'industrie Roubaisienne, le seul mouvement social et chrétien à l’époque. J'ai eu aussi la joie de relever dans les archives du Syndicat des Peigneurs dont grand-père fut président de 1892 a 1919, texte suivant, qui bien que daté de 1891 par sa critique du libéralisme et son souci du bien  commun a un cachet presque moderne. Il s'agit de l’étude de caisses de secours en faveur du personnel : « Monsieur Prouvost dit qu'il y a beaucoup à faire dans cet ordre d'idée et sa conviction est déjà ancienne, puisque depuis longtemps il s'intéresse à ces questions d'économie sociale dans le but de rapprocher le plus possible les ouvriers et les patrons. En compagnie de nombreux industriels de la région, Il fait partie des syndicats mixtes qui se proposent ce but. C'est pourquoi il est amené à formuler quelques réserves sur les principes votés à la réunion précédente. Sa conviction ancienne et profonde, est que sans un bien  commun supérieur, sans une autorité qui courbe sous la loi de justice idéale et les ouvriers et les patrons inspirant à chacun sa règle de conduite, il est impossible de faire disparaitre les malentendus, les suspicions, que les excès du libéralisme suscitent parfois ». Grand-père, quelques années auparavant, en 1889, avait participé à un pèlerinage à Rome, de dix mille ouvriers et patrons, dont six cent cinquante du Nord, venus rendre hommage à Leon XIII.

Je ne sais pas grand-chose des idées politiques de notre cher grand-père. Il fut certainement dans sa jeunesse royaliste et légitimiste. J'en eus une preuve dans le fait que, quand j'étais enfant vers 1910, il m'offrit un médaillon avec une photo du Comte de Chambord et les fleurs cueillies sur sa tombe. II s'était rendu avec son beau-frère Droulers, aux funérailles du dernier Bourbon de la branche ainée à Göritz en 1883.

Goritz

Sur ses convictions religieuses, nous sommes bien mieux renseignés. Il était, comme sa femme, membre du Tiers-Ordre de Saint-François. Il fit édifier à M'Rira, prés de Tunis, dans un domaine où il fut associé avec son frère Edouard, une chapelle qui devint paroisse. II contribua à faire édifier prés de sa propriété de Mandelieu une chapelle, N.-D. des Mimosas. Il contribua certainement à la construction du grand couvent de la Sainte Famille a Roubaix, rue de Lille, où sa belle-sœur, religieuse, tante Jeanne Bénat, laissa un très grand souvenir. Pendant la guerre de 1914-1918, il prit la tête d'un Comité dit du Vœu de Roubaix, dans le but de demander à Dieu la protection de la ville, qui fut heureusement épargnée. Le clocher qui manquait à l’église du Sacré-Cœur, fut ainsi construit. Il avait de tout temps porté de l’intérêt à l'Orient Chrétien et présidait le comité de Roubaix de l'Œuvre d'Orient. Son dévouement à  l'Œuvre d'Orient, lui valut d'être nommé Commandeur de l’Ordre du Saint-Sépulcre, et nous avons eu sous les yeux une photo de grand-père, revêtu d'une cape prestigieuse, dont les mauvaises langues disent qu'elle a termine sa carrière comme peignoir de bain de mes cousins Auger.

C'est pendant la guerre de 1914 que grand-père donna le plus bel exemple de sa foi patriotique et religieuse. Le 1er mars 1916, il était emmené par les Allemands avec tout ce que Roubaix comportait de notabilités politiques et économiques, comme otage au camp d'Holzminden. Cette captivité, écrit grand-mère dans un petit opuscule « In Memoriam », fut extrêmement dure pour lui à cause de sa santé précaire, de l’infirmité de sa jambe récemment soumise à une intervention chirurgicale. J'ai eu des échos de l’admiration qu'il suscita en se rendant à pied, au lieu de rassemblement. La captivité - elle devait durer 6 mois bien que dure pour un homme de 63 ans (hiver terrible, couchage sommaire, promiscuité) ne semble pas avoir altéré sa bonne humeur et dans ses lettres grand-père ne se plaint pas. Il remercie des photos de famille qui lui ont fait un immense plaisir. « Odette Lesaffre, sur la photo, m'a semble très jolie et très grande, Claude est-il toujours aussi diable? Merci des lettres de ma chère Betsy et de ses envois, de la photo de Simone, je ne connais pas ma dernière petite-fille. Henry me ferait plaisir en me rassurant sur mon Assurance Vie, je ne puis payer les primes. Solange a été bien  gentille pour moi, j'ai vu les photos de ses enfants, le bon sourire de Georges annonce un heureux caractère ». En se prolongeant, la captivité lui devenait de plus en plus pénible. Son cousin et compagnon de captivité, Henri Prouvost, était mort dans ses bras et cela l’avait beaucoup affecté. Rien ne manqua a son angoisse, il fut hospitalisé six semaines au lazaret du camp, a cause d'une grande dilatation de l’aorte, qui donnait des complications cardiaques. Il fut en grand danger. Grand-mère poursuit dans l’opuscule déjà cité : « Après six mois de captivité, le retour à Roubaix fut une meurtrissure pour son cœur, trouvant une maison vide de toutes ses affections et pleine d'Allemands installés en maîtres. En outre, par suite d'information erronée, tant à Roubaix qu'à Holzminden, on s'attendait à ce que les otages libérés fussent dirigés vers la France libre. Grand-mère et Mimi partirent, en conséquence, pour la France libre, vers laquelle les Allemands organisaient parfois les trains via la Suisse, et quand grand-père revint à Roubaix, la maison était vide; il semble d'après les documents que m'a communiqués Hubert Dubois et dont grand-mère a donné lecture a ses enfants avec un admirable courage au lendemain des funérailles de son mari, que grand-père ait été a nouveau inquiète par les Allemands après son retour de captivité. On lit en effet en date du 12 novembre 1917 :

« En partant au tribunal de guerre, «je ne cesse de penser à toi, chère compagne, â mes chers enfants, à mes petits-enfants, et à toute la famille. Si ma santé devait être ébranlée, et que je succombe dans mon cachot, je mourrai en bon chrétien et en partant vers Dieu ma dernière pensée, mes dernières bénédictions seront pour vous. J'ai le cœur qui saigne, mais j'ai l’âme en paix, je serai courageux dans mes heures de souffrance, je vous embrasse tous avec affection et tendresse. P.S. Que mes petits-enfants demeurent de bon chrétiens fideles à nos traditions familiales. « Laus Deo Semper! " C’est dans les mêmes dispositions de foi et de courage qu'il devait mourir prés de dix ans plus tard.

Chez Amédée-Charles et Marie Prouvost, 113, boulevard de Paris à Roubaix

« Face à la porte d'entrée, s'élevait une sorte de coupole destinée à mettre a I’ abri de la pluie les équipages et leurs passagers. Cette coupole avait reçu en famille le nom de « pâté chaud ». L'oncle Amédée, jeune, espiègle et taquin, avait peu après sa construction envoyé un télégramme à l’architecte pour lui annoncer que le « pâté chaud» s'était écroulé, ce qui ne s'était produit que dans son imagination. » « La porte une fois franchie, il fallait monter quelques marches pour accéder à un spacieux vestibule, la première pièce sur la droite était le bureau de grand-mère dont le principal ornement était un bureau à cylindre qui avait été celui de son père, dont le portrait se trouvait accroché au mur. Le bureau a été acquis, sauf erreur, par J. Lesaffre. Dans cette même pièce se trouvait un tableau de Martin, peintre ordinaire du Roi, représentant Mme de Maintenon et les filles naturelles de Louis XIV. Ce n'est pas grand-mère qui m'expliqua le sujet du tableau, car je n'y aurais rien compris ; le tableau est actuellement dans mon salon.

La pièce voisine était la bibliothèque, dont à  l’occasion de quelques rangements nous recueillîmes, mon frère Jules et moi, quelques épaves qui charmèrent notre enfance. Dans I’ une des armoires se trouvaient de merveilleux cigares de Havane, Henry Clay, que grand-père offrait généreusement a ses petits-fils soldats, et qui, fumés le lendemain, en acquirent une certaine célébrité à la caserne du 41me d'Artillerie a Douai.

Les deux pièces voisines étaient deux très beaux salons, l’un donnant sur le boulevard, l’autre le salon blanc donnant sur le jardin. Le premier salon comportait une cheminée de marbre surmontée d'un grand portrait en pied de la princesse de Conti, fille naturelle de Louis XIV, c'est du moins l’explication que m'en donna grand-père en 1927 peu avant sa mort, et cette fois, je compris. Ce très beau tableau de C. Van Loo est actuellement chez ma sœur Jeannette. Ce qui peut donner une idée de la dimension de ce salon, c'est que deux pianos à queue étalent à I’aise. Je conserve un souvenir enchanté du jeu de grand’mère et de l’ oncle H. Dubois. C'est en l’écoutant que je connus, enfant, les noms de Debussy, Granados et Albéniz. Des tableaux, naturellement, ornaient les murs. Je me souviens notamment du portrait de son grand-père, le général Morvan, qui me faisait grande impression et qui le fit aussi sur mon plus jeune fils qui, encore enfant, me poussa à I’ acquisition dans la succession de ma mère.

Le salon blanc, ainsi nommé en raison des meubles et de la cheminée de marbre blanc, avait ses murs ornés de tableaux de Guardi et de portraits du XVIIIème siècle anglais, la seule grande époque, selon moi, de la peinture anglaise.

Donnant encore sur le jardin, une grande salle à manger; la cheminée était supportée par des sortes de grands géants barbus a I’ échelle réduite, mais à la forte musculature et dont nous allions volontiers chatouiller le nombril. A gauche de la cheminée, un tableau de J. Weiss, ami de grand-père, auquel, sur sa demande, j'allais rendre visite dans sa propriété prés du merveilleux parc du Duc de Norfolk et qui m'a dit que quand il avait des cauchemars, il pensait qu'il allait vendre du tissu a Bradford et Manchester, ce qui n'était guère encourageant pour le jeune fabricant que j'étais alors. A droite de la cheminée, des tableaux de Troyon ; je me souviens d'une conversation de grand-père avec I’ historien Franz Funk Brentano qui avait des tableaux presque identiques. Tous deux étalent d'accord pour dire que leurs tableaux étaient bien du Maître et que le Louvre en possédait seulement des copies. Face a la cheminée, seule concession a la peinture moderne, deux tableaux d'H. Martin dont un au moins se trouve chez les Auger à Ville-d'Avray. Dans cette salle à manger étaient servis des repas savoureux, dus au talent notamment de Zélie. » « Parfois les repas de famille étaient bien  un peu solennels pour la jeunesse en bout de table, surtout quand Mgr Laugier, directeur de I'Oeuvre d'Orient, aux yeux de charbon et à la barbe fleure, appelait grand-père d'une voix de basse « M. Le Président ». II n'y avait qu'une ressource pour détendre I’ atmosphère en cette occasion : pousser hypocritement un jeune cousin Dubois à quelque espièglerie. »

A gauche de l’escalier d'entrée se trouvaient le vestiaire et I’ escalier de service aux larges dimensions. Je conserve souvenir surtout de l’odeur de ce vestiaire due, je crois, à I’ essence des boiseries qui le décoraient, du merisier peut-être. Un escalier d'honneur de larges dimensions conduisait au premier étage. Les marches en étalent surmontées par un immense tableau, actuellement chez moi, représentant une apparition de la Sainte Vierge à Sainte Catherine de Sienne semble-t-il, par Alonzo Cano. Ce tableau avait été acquis par nos grands-parents, encore jeune ménage, et occupait du plancher au plafond la hauteur d'une chambre de leur maison, rue Neuve. Le premier étage comportait un vaste vestibule dont la pièce maitresse et le centre était l’oratoire. Parfois, un prêtre ami y disait la messe et presque tous les ans la messe de minuit y était célébrée a Noël par un de mes anciens professeurs qui avait, selon certains, la mauvaise habitude de dire consécutivement les trois messes de Noel. C'était un peu trop pour la piété des fidèles qui s'égaillaient, ou pour Marcel Segard qui sommeillait malgré les chants de Noël qui émanaient du rez-de-chaussée. L'oncle Henry Dubois essayait de tirer le meilleur parti d'un orgue un peu délabré, en accompagnant la voix d'or de tante Marthe.

En dehors des chambres le premier étage comportait, à droite, le bureau de grand-père, dont le principal ornement était de petits Corot d'Italie. Au second étage, dans deux pièces et un vestibule était logée, assez au large, la galerie de tableaux qui fut aussi I’ enchantement de notre enfance. Pour ceux de mes cousins qui ont conserve le catalogue illustre de la vente effectuée le 22 octobre 1927 à Amsterdam,

Salon-Rue-paris-Roubaix-Amedee-II-Prouvost

Photo Miguel Flipo avec nos remerciements

Vente-Amedee-II-Prouvost-Amsterdam-1927

je signalerai ceux de ces tableaux dont j’ai conservé surtout le souvenir. Le meilleur lot de tableaux se trouvait dans la salle de gauche en montant et consacrée à la peinture flamande. Numéro 404 : Le portement de Croix  de P. Brueghel le jeune. Grand-père m’en a fait compter les nombreux personnages. Numéro  406 : Portrait de jeune femme, de Van Cleef. Ce très beau tableau, admire par toute la famille, généralement masqué par un soierie et, après avoir fait I’ objet de nombreuses expertises et d'attributions prestigieuses, fut vendu aux enchères d'Amsterdam.

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Le plus haut prix semble avoir été donné pour le numéro 413, Maître de Bruges : Portrait d'une dame âgée.

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J'ai toujours eu beaucoup d'amitié pour le numéro 426

Vente-Amedee-II-Prouvost-Amsterdam-1927

dont on disait en famille qu'il était le portrait de Montaigne et dont on m'invitait à compter les cheveux. J'ai conserve un très bon souvenir pour la profondeur et la transparence de ses bleus, du numéro 459, école de Y. Patiner et ai toujours beaucoup d'attention pour les tableaux de ce peintre.

Dans une armoire ancienne était conserve le tableau le plus précieux, sentimentalement du moins, de toute la galerie. Cette crucifixion, attribuée à Van Der Weyden, ne fut pas mise en vente à Amsterdam. Grand-mère y attachait beaucoup de prix car I’ oncle Amédée avait demandé que ce tableau fut apporté dans sa chambre pendant son agonie. Mis en vente après la mort de grand-mère à l'hôtel Drouot, il fut I’ objet d'une compétition entre tante Thérèse et moi-même agissant pour le compte de ma mère. J'ignorais du reste cette compétition, qui ne me fut connue qu'au moment ou ma chère tante, qui était ma voisine, se vit attribuer le tableau par le commissaire-priseur auquel elle avait donne ses instructions. J'avais cherché sans succès à retrouver la trace des tableaux dispersés a Amsterdam, je n'ai retrouvé la trace que d'un seul, le numéro 422, un Jugement de Paris, mais il était trop tard pour I’ acquérir. II est resté à Amsterdam; je I’ ai retrouve une première fois au Rijksmuseum auquel il avait été légué par Sir Henry Deterdinf, directeur de la Royal Butch. J'ai retrouvé ce petit tableau, dont les chastes nudités étalent voilées à nos yeux d'enfants, quelques années plus tard sous le numéro 840 dans le plus beau musée du monde a mon goût, le Mauritshuis à La Haye, sous le numéro 846.

Vente-Amedee-II-Prouvost-Amsterdam-1927

Un vestibule servait de passage entre les deux pièces de la galerie de tableaux. C'est là que se trouvait le « Jugement de Paris » que je viens d'évoquer. Le cardinal Charost, premier évêque de Lille et, tous les ans, invité de nos grands-parents, appréciait fort le tableau. Des colonnes en bois sculpté, une tête de vieille femme que grand-père attribuait à Rubens, les anges musiciens dans le style de Memling dont grand-père disait qu'ils avaient inspiré J.-S. Bach, sont les œuvres les plus saillantes dont je me souvienne dans cette pièce. La grande pièce voisine donnant sur le boulevard, était consacrée à la peinture généralement Française des XVII° et XVIII° siècles. Les tableaux n'avaient pas le même prestige que ceux de la galerie voisine. »

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« Cette grande maison blanche fut l’enchantement de mon enfance et je crois bien  de celle de tous mes cousins. J'en conservé un inoubliable souvenir un peu assombri par le fait que je reçus en 1942 la procuration des héritiers pour signer I’acte de vente de cette maison pour un prix qui, selon moi, représentait à peine le double de ce qu'elle avait couté à construire en 1895. II est intéressant de noter qu'en même temps que grand-père construisit ce qui était un peu un palais, ses frères Albert et Edouard construisaient sur le même boulevard de Paris des maisons aussi prestigieuses, ce qui donne une idée assez précise et flatteuse de l’industrie du peignage à cette époque. L'architecte fut M. Liagre, ami de grand-père. »

« Une description du 113, boulevard de Paris serait incomplète si je n'évoquais pas le jardin et les écuries. Le jardin était de dimension relativement modeste, mais il bénéficiait du voisinage immédiat de I’avenue conduisant du boulevard de Paris au château Bossu puis Cavrois. Cela facilitait les communications avec la maison de mes parents et celle d'Edouard Prouvost. A la fin du siècle dernier, toute grande maison bourgeoise comportait des écuries, mais nous n'y vîmes jamais ni chevaux, ni voitures. Par contre nos grands-parents, sans doute émus du traitement que leurs petits-enfants faisaient subir à leur mobilier, nous réservèrent ces écuries comme terrain de jeux sous le nom de « Hurlerie ». Les chevaux avalent été remplacés par les autos que grand-père avait très vite adoptées. Les marques en avaient été successivement Mors et La Buire. Si les modèles se succédaient, le chauffeur était toujours fidèle au poste. II se nommait François Depléchin, astiquait à merveille les cuivres des phares. II conduisait fort rapidement; je me souviens d'une remarque de Mimi Auger, disant que François conduisait comme un fou et faisait notamment la route de Lille en 9 minutes. Je crois qu'i1 est difficile actuellement, en raison des feux rouges, d'égaler le record. François jouissait d'un grand prestige auprès de mon frère Xavier et de Claude Lesaffre, dont il évoquait le souvenir pour moi, 30 ans après avoir quitte le service de mes grands-parents.

Apres la guerre de 1914, la grande maison blanche du boulevard ne retrouva jamais plus le même éclat qu'aux années d'avant-guerre. Nos grands-parents y étaient seuls, une moitié au moins de leurs descendants n'était pas revenue dans le Nord après la guerre, et le ménage Auger les attirait tout particulièrement dans la capitale. ils avalent par ailleurs acquis à Mandelieu, vers 1920, une propriété où ils recevaient leurs petits-enfants avec grande générosité.

La dernière belle réception que nos grands-parents donnèrent boulevard de Paris, à I’ occasion de leurs noces d'or, eut lieu en 1925. » Textes de Jacques Toulemonde  écrits à Roubaix en 1970-71 dans une brochure intitulée : D’un siècle à l’autre de Bretagne en Flandre : Souvenirs d’une grand’ mère présentés par son petit-fils.

L’avenue de Paris s’appelle avenue Charles de Gaulle à Roubaix

Marie Prouvost

Grand-mère lui survécut quatorze ans. Je détaillerai moins sa vie, puisque la meilleure partie de cet ouvrage est constituée par ses souvenirs et que si comme l’a dit Buffon « Le style c'est l’homme ", toute la personnalité de grand-mère apparait bien  dans ses écrits : sa grande culture exceptionnelle chez les femmes du Roubaix de cette époque, sa naturelle distinction, la générosité envers les autres et l’ austérité pour elle-même, beaucoup d'esprit et parfois caustique comme son mari, elle eut une activité sociale et religieuse importante et fut de nombreuses années présidente de la section de Roubaix de la Ligue Patriotique des Françaises, en abrégé «La Ligue », l’équivalent de ce qu'est l'Action Catholique à notre époque. C’est par hasard, presque miraculeusement, que je rencontrai grand’mère pour la dernière fois. C’était en octobre 1940, je ramenais d'Auvergne ma femme, mes huit enfants, une domestique, je crois, et un invraisemblable « barda », dans une remorque, quand nous croisâmes sur la route I’ oncle Georges Hendricks. Bien  que l’horaire fut serré et la régularité de ce voyage fort contestable, l’oncle Georges nous dit que nous avions vraiment le devoir de faire un petit détour jusqu'à Coudray. C’est ainsi que ma fille Brigitte vit pour la dernière fois sa marraine, et les plus jeunes de mes enfants pour la première fois leur arrière-grand-mère.

Pour mieux évoquer notre chère grand-mère, j'emprunterai la voix de son fils Amédée:

Vous fûtes l’ange doux de mon adolescence

Aux regards inconnus qui nous voyaient passer

Quand j'inclinais vers vous, tremblant, ma confidence

Nous avions l'air ému de nouveaux fiancés

Votre jeunesse avait rapproché nos deux âges

Identiques de goûts et de penser jumeaux.

Pour l’intelligence de ce qui va suivre, il est nécessaire de donner quelques détails sur les ascendants de grand-mère. Son père, Gustave Bénat, nous est connu, tant par les souvenirs qu’on va lire, que par un très bon portrait que, sauf erreur, Mimi Auger a acquis lors de la dispersion du mobilier du 113, boulevard de Paris. Son père, J.-A. Bénat, était officier de la garde royale sous la Restauration, les parents de cet officier s'étaient mariés à Vence sous la Révolution. Son portrait ainsi que celui de sa femme figuraient à droite ou à gauche de la cheminée de marbre du grand salon, que je décris plus loin. Ces portraits se trouvaient chez l’oncle Henri et tante Betsy, rue Nationale, et donc certainement encore dans la famille Dubois. M. et Mme G. Bénat n'eurent que deux filles, Jeanne et Marie (notre grand-mère). Tante Jeanne Bénat, née en 1853, entra très jeune dans un ordre religieux, dont le siège était, et est toujours à La Délivrance ou Langrune dans le Calvados. Elle vint à Roubaix où elle eut une grande influence; c'est certainement sur ses instances que grand-père, aidé d'amis, construisit le très beau couvent qui existe toujours. Mais comme il arrive parfois dans les ordres religieux, les personnalités fortes sont déplacées. Tante Jeanne Bénat quitta donc Roubaix et sa congrégation pour entrer dans celle du Cénacle. Ma chère maman en avait conservé une méfiance instinctive, envers les petits ordres, dont elle me fit part à l’ occasion de l’entrée de mes fils, Philippe et Daniel, dans des ordres qui n'avalent pas l’importance ou l’ancienneté des Jésuites, qui avaient toutes ses complaisances. Tante Jeanne Bénat, que les ainés de mes cousins ont un peu connue, était une femme de grande taille, même à peine voutée par l’âge. Elle avait dû être au moins aussi jolie que grand-mère; comme elle, elle avait une grande distinction. Après avoir résidé dans les couvents de son ordre à Rome et à Naples, elle passa la plus grande partie de sa vie religieuse à Marseille, où était né son père. Elle y vivait dans une austérité et un isolement que seule une âme bien  trempée pouvait supporter à l’âge avancé où je l’ai connue. L'un de mes fils religieux lui ressemble beaucoup.

La mère de Madame Amédée-Charles Prouvost :

Gustave  Bénat avait épousé en première et unique noce notre arrière-grand-mère, Joséphine Morvan, que les ainés de ses arrière petits-enfants ont bien  connu sous le nom de bonne maman Cordonnier. En effet bonne maman avait épousé en secondes noces, Louis Cordonnier (de Roubaix). Voici en quels termes Alfred Motte-Grymonprez, dont l’ arrière-petit-fils Eugène Motte-Lefebvre m'a remis 3 volumes de correspondances, fait part à ses fils de cet événement, en juin 1876 : « Toute la ville est en émoi par suite du remariage de M. L. Cordonnier, âgé, dit-on de 63 ans, avec Mme Bénat, mère de Mme Amédée Prouvost jeune, on dit que les enfants de L. Cordonnier acceptent avec résignation le parti que leur père a cru devoir prendre. Je les admire car, à 63 ans, je crois qu'on est plus prés de la tombe que d'une couche nuptiale ». Alfred Motte ne s'était pas trompé, M. L. Cordonnier décéda après quelques mois de mariage, bonne maman Cordonnier dut quitter la belle propriété mitoyenne de celle des Hendricks au Reverdi pour s'installer dans la maison de la rue du Château qui existe toujours, elle survécut 37 ans à son second mari. Elle est enterrée au cimetière de Roubaix, ou reposent également son premier mari G. Bénat et la mère de ce dernier, G. Vial, veuve de J.-A. Bénat décédé à  Paris le 10 janvier 1849. Tous les ans à la Toussaint je fais fleurir leurs tombes. La bonne maman Cordonnier que j'ai connue était celle que grand-mère décrit en ses dernières années, « ses années de réclusion dans son salon, au rez-de-chaussée, d'abord, dans celui du premier étage ensuite, dans sa chambre après, assise à peu près droite toujours dans son grand fauteuil bleu, puis dans son lit depuis six mois, n'altéraient pas son caractère, ferme, autoritaire. Si nous voulions lui faire plaisir, nous la mettions sur le chapitre des bals au Palais Royal chez le Duc d'Orléans, seule fête d'ou elle fut rentrée au petit jour, et ou elle vit Paris, sortant de sa léthargie nocturne ou aux Tuileries sous Louis-Philippe. Elle assistait assez souvent aux grandes réceptions où le Roi faisait volontiers le tour des salons, c'est ce qui avait motivé cet ébahissement de notre fils Amédée qui très jeune, connaissant a peine les détails de I’ histoire de France, encore moins en tout cas son histoire contemporaine, disait : « Quand on pense que bonne maman a connu Philippe-Auguste, ne retenant des réceptions chez Louis-Philippe que la confusion des prénoms ».

Salle-fetes-Tuileries Les-Tuileries

La maison de la rue du Chateau était meublée avec goût. Un tableau, d'un romantisme un peu languissant que ma mère avait achète à tante Claire, a trouvé refuge dans un mas de Provence. Un très beau meuble que ma mère appelait le « Magnifique » secrétaire est actuellement chez ma nièce Annick Tiberghien. Un souvenir assez marquant de cette maison, âmes yeux d'enfant, était le fait qu'un lustre se reflétait dans deux glaces qui se faisaient vis-à-vis et que la multiplication de cet objet donnait une idée de l’infini. Ma femme conserve un souvenir pittoresque de cette maison. II y a quelque 60 ans elle était conduite en classe à l’ école de la Sagesse toute proche, par une domestique amie des bonnes de bonne maman : Blandine et Gabrielle. Cette domestique était venue avec Francoise rendre visite à ses amies. Elle ne connut de cette maison que la cuisine, les domestiques de bonne maman entendant le pas et la canne de leur maitresse et craignant d'être réprimandée pour avoir introduit une étrangère dans la maison enfermèrent Francoise dans un placard. J'espère pour elle qu'elle avait eu l’occasion avant cette claustration de déguster la spécialité de Blandine, des tartines fourrées à la cassonade, et repassées au fer, dont je conserve après 60 ans un souvenir ému. Avant de résumer la vie du général Morvan, écrite par grand-mère, je dois quelques explications.

Les frères et sœurs de Madame Amédée-Charles Prouvost : Bonne maman avait à ma connaissance trois sœurs, qui étaient Mme Husson, Mme Lebrun, femme du général qui était le parrain de ma mère et qui ne faisait à sa filleule que des cadeaux utiles et peu couteux, un peigne par exemple, ce dont ma mère était bien  marrie, et deux frères, Oliver et Arthur, dont je ne sais quelles furent les carrières, ni les alliances, je crois qu'ils posèrent des problèmes à leurs parents. La tante Lebrun eut deux fils, l’un Frédéric, officier de bel avenir, mourut subitement au cours d'une manœuvre, l’autre Victor eut une existence bien  pénible, jeune officier et jeune marié, il devint subitement fou. Notre génération a un peu connu sa femme. Juliette Lebrun, elle, était de religion protestante et se convertit au catholicisme. Le ménage Lebrun n'eut pas d'enfants.

Une autre sœur de bonne maman était la tante Adrienne, décédée prés de Lorient en 1909. Grand-mère dans quelques pages consacrées a sa tante, fait une description du cimetière ou elle est enterrée, et je crois bien  que Henry Duby est le seul membre de la famille à avoir visité, description tellement plaisante que cela donne envie d'y établir sa dernière demeure. « Le paysage du cimetière du Carmel est délicieux, on voit la baie de Lorient au large et a marée basse la verdure qui recouvre les rochers, la grande bleue, les navires à l’ancre, les tombes font au premier plan un décor superbe ». Adrienne Morvan ne s'était jamais mariée, ainsi, les familles Bénat et Morvan se seraient éteintes si, loin de la Provence et de la Bretagne, en bonne terre de Flandre, n'avait surgi un rameau tellement vivace qu'en 1962, le nombre des descendants vivants des époux Prouvost-Bénat était de 343, ce qui doit bien  faire 500 a ce jour. Pour ceux de mes petits-cousins lointains et beaucoup inconnus, qui ignorent la région du Nord, je signale un taux de progression d'une famille particulièrement frappant. M. et Mme Motte-Clarisse, lointains ancêtres de ma femme et de moi-même, se marièrent a Tourcoing en l’ église St-Christophe en 1784, le nombre de leurs descendants vivants le 20 août 1962, était de 8.344. Il y a lieu de défalquer 1.869 descendants provenant de mariages consanguins, chiffre réel: 6.475.


Le grand père de Madame Amédée-Charles Prouvost 

Le Général Frédéric Pierre Morvan

(1786-1873)

X 1804

Chevalier de Saint-Louis

Chevalier de Saint-Ferdinand d'Espagne.

Commandeur de la Légion d'honneur

Général de division

membre du comité des fortifications et commandant le génie à l'armée des Alpes.

né à Quimper (Finistère) le 16 septembre 1786, mort en 1873, militaire français.

General-Morvan-grand-pere-de-Madame-Amedee-Charles-Prouvost

Biographie extraite de Wikipedia

Il est fils du jeune et infortuné avocat et poète, Olivier-Jean Morvan, l'un des 26 administrateurs du Finistère, ayant levé des troupes pour protéger les Girondins qui furent guillotinés place du Château à Brest le 3 prairial an II ( 22 mai 1794).

Reçu à l'École polytechnique (X 1804), M. Morvan passa en 1807 à l'École d'application de Metz, et, en 1809, à l'état-major du 3e corps de la grande armée en qualité de lieutenant en second de sapeurs à la suite. Il fut chargé de la direction de divers travaux des camps et cantonnements en Moravie, partit pour l'armée d'Aragon, comme lieutenant d'état-major du génie, et prit une part glorieuse au siège de Méquinenza.

Nommé capitaine en second de sapeurs, il fut chargé de la construction et de la défense de la tête du pont de Xerta. Il prit part au siège de Tortose, dirigea les retranchements de Perillo et du Plati et des travaux du col de Bologne, ce qui lui mérita le grade de capitaine en premier de sapeurs le 30 janvier 1811, et celui de capitaine en second à l'état-major du génie le 1er juillet suivant.

M. Morvan se distingua à la défense du fort Saint-Philippe, au siège de Tarragone, et à celui de Sagonte il fut blessé en conduisant une sape, le 16 juin 1811, et, le 28 suivant, à l'assaut du corps de la place : ces deux faits d'armes lui méritèrent la décoration de la Légion d'honneur. Aux travaux du siège de Valence et de Peniscola, à la défense de Dénia, il déploya beaucoup de zèle et d'habileté. Fait prisonnier en 1813, il fut conduit aux Baléares. Il venait d'être atteint d'une balle dans le corps.

Sorti des prisons de Majorque en 1814, M. Morvan fut mis en cantonnement dans les Pyrénées, et de là envoyé à Concarneau.

En 1815 , il se prononça pour le régime impérial et empêcha le commandant d'armes de livrer la place aux chouans. Il fut employé sous les ordres des généraux Lamarque et Travot.

La Restauration le mit en surveillance et en demi-solde.

Rappelé en 1816 comme capitaine du génie, il fut employé à Brest puis à Concarneau.

Il participa à l'expédition d'Espagne en 1823, en qualité de chef de bataillon, fut chargé de l'investissement de Saint-Sébastien, du siège de l'île de Léon, comme chef d'attaque de San Pietri, et fut nommé commandant du génie à Cadix.

M. Morvan fut créé, dans cette campagne, chevalier de Saint-Louis et de Saint-Ferdinand d'Espagne. Lors de l'évacuation de la Péninsule, il fut directeur des fortifications à Bayonne, à Péronne et à Amiens, comme lieutenant-colonel en 1832. En 1837 il fut nommé colonel du 2e régiment du génie, et, l'année suivante, directeur des fortifications à Saint-Omer.

Il fut enfin promu au grade de général de brigade le 14 avril 1844, et, le 12 juin 1848, nommé général de division.

Il est commandeur de la Légion d'honneur, membre du comité des fortifications et commandant le génie à l'armée des Alpes.

Source « Frédéric Pierre Morvan », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852

D'UN SIECLE A L'AUTRE DE BRETAGNE EN FLANDRE

SOUVENIRS D'UNE GRAND'MERE PRESENTES PAR SON PETIT-FILS

Souvenirs de Madame Amédée-Charles Prouvost, née Marie Bénat,

petite fille du général Frédéric Morvan ; transmis par son petit-fils Jacques Toulemonde.

« Il y a 90 ans, en octobre 1880, notre chère grand-mère commençait par ces mots, une notice biographique relative à son grand-père, le général Morvan. »

 « Les pages qui suivent vous sont dédiées, mes chers enfants. Ce sont des souvenirs recueillis pour vous, choisis dans la vie d'un aïeul qui a mérite que ses traditions d'honneur et ses principes de vertu revivent en vous. C'est un patrimoine que vous serez jaloux de conserver intact, car il est au-dessus des grandeurs et des faiblesses du monde ».

 « C'est le 16 septembre 1786, que naquit a Quimper, Fréderic Morvan dont nous allons tenter de résumer la vie en suivant la biographie écrite par sa petite-fille, notre grand-mère, et a laquelle nous avons fait allusion au début des notes.

Sa mère, Jeanne Marie Danguy des Déserts, mourut à 32 ans en le mettant au monde. Un membre de la famille Danguy des Déserts est actuellement moine à la Trappe du Mont des Cats, dans le Nord, un autre est apparent à la famille A. Lefebvre.

Le père de F. Morvan était Olivier Jean Morvan, né à Pont-Croix dans le Finistère. Il était d'une ancienne famille de robe et lui-même, avocat distingué, avait obtenu comme poète de brillants succès. Il était capitaine de la garde nationale de sa ville natale et fut élu administrateur du Finistère le 7 juin 1790. En 1793 la plupart des administrateurs du Finistère furent arrêtés, Olivier Morvan fut d'abord incarcéré à Landerneau puis à Brest, dans la prison de cette ville. Craignant une issue fatale à son procès, il réussit à persuader ses geôliers de lui donner la permission d'aller embrasser son fils et sa fille, promettant de revenir se livrer à la date fixée. Frédéric Morvan ne fit qu'entrevoir son père. Le 22 mai 1794, celui-ci était guillotiné sur la place du Triomphe du Peuple (place du Château). La foule, à la chute de chaque tête de ses élus, s'écriait : Vive la République ! Les deux orphelins d'Olivier Morvan allèrent habiter Concarneau chez les sœurs de leur père.

Leurs tantes étaient de vieilles filles à l’âme noble et fière. Quand dans un geste d'apaisement la Ville de Brest fit offrir aux demoiselles Morvan 40.000 francs pour la tète de leur frère, elles refusèrent. Frédéric Morvan, après de brillantes études entra à l'Ecole Poly technique fondée depuis peu. Il en sortit dans les premiers et choisit l’arme du Génie. En 1809, il était lieutenant et envoyé à l’armée d'Allemagne, il rejoignit son poste à Vienne peu âpres la bataille de Wagram. De là, il fut dirigé vers l'Espagne ou Napoléon devait essuyer ses premiers revers. Au siège de Tarragone, en 1811, il fut deux  fois blessé. En 1812, devenu capitaine, il soutint le siège de Dénia pendant 7 mois, avec une seule compagnie. Il fut blessé en repoussant un assaut et fait prisonnier. Il fut incarcéré à Palma de Majorque pendant 6 mois. Il ne resta pas inactif durant sa captivité, Il en profita pour apprendre l’espagnol et s'adonner a la musique, guitare et flotte. En mai 1814, à la suite d'échange de prisonniers, il était libre. Pendant les Cent-Jours, il eut à lutter contre une reprise de la chouannerie en Bretagne, ce qui lui valut, au début de la seconde restauration, d'être mis en demi-solde. En décembre 1816 il était rappelé à l’activité avec garnison à Concarneau ou il avait passé presque toute son enfance.

Un an plus tard, le 25 novembre 1817, il épousait Jeanne Honorée Riouw, fille de Jean René Riouw, armateur a Douarnenez. La dot de Jeanne était de 30.000 F. Frédéric Morvan n'apportait que son épée. Le montant de la dot de Jeanne me parait très élevé, si je le compare à celui d'autres aïeules sensiblement de la même époque. Je possède de cette aïeule un excellent portrait en buste que je tiens de ma mère qui le tenait De ses parents. Le modèle avait alors 40 ans, Je possède aussi un souvenir personnel de cette arrière-arrière-grand-mère, un coffret que lui avait offert la Reine Marie-Amélie, l’épouse de Louis-Philippe, en 1842, à Saint-Omer.

·         En 1823, Frédéric Morvan partait à nouveau en campagne, et à nouveau encore en Espagne. Cette guerre fut un peu l'œuvre de Châteaubriant qui voulait donner au drapeau blanc le lustre militaire qui lui manquait. Notre ancêtre fut nommé par ses chefs gouverneur de l’Andalousie, l’un des plus beaux pays qui soit au monde. Je me demande si notre chère grand-mère, que je cite mot pour mot, ne « galèje » pas un peu. Je vois très mal un tel poste confié au chef de bataillon qu'il était à l’époque. En tout cas il revint de cette guerre chevaler de Saint-Louis et de Saint-Ferdinand d'Espagne, médailles qui sont venues apporter un peu de variété aux médailles qui m'impressionnaient fort dans mon enfance et qui impressionnent aujourd'hui mes petits-enfants, où la légion d'honneur est représentée a tous les états : rosette, cravate et plaque. Frédéric Morvan fut successivement commandant, du Génale à Bayonne et à Péronne Dans cette dernière ville il reçut en 1833 le roi Louis-Philippe revenant de Bruxelles, où il avait été assisté au mariage de sa fille avec Léopold l°, roi des Belges. Le roi lui exprima ses félicitations pour les améliorations apportées aux fortifications et lui demanda ce qu'il pourrait faire pour lui en signe de satisfaction. « Rien Sire, votre estime me suffit », Madame Morvan, d'après notre grand’mère, jugea très noble mais par trop désintéressé le refus d'un appui. Le ménage Morvan reçut à Péronne d'autres visiteurs, dont Victor  Hugo. Le caractère un peu fier de notre ancêtre eut encore l’occasion de se manifester à Saint-Omer, où il fut nommé avec le titre de maréchal de camp, équivalent à général de brigade. J'ai lu mais n'ai pas retrouve la référence, une polémique de notre aïeul pour une question de préséance avec le sous-préfet, digne de Saint-Simon. De 1845 à 1848, il fut inspecteur général de son arme en Algérie et en France. Il semble que Frédéric Morvan ait conservé bon souvenir de cette époque, de Louis-Philippe et de sa famille, Le général Morvan, qui avait été souvent admis aux réceptions intimes du Roi, n'avait jamais contemplé sans admiration le spectacle qu'offrait la Reine toujours entourée de ses filles, travaillant avec ardeur à des ouvrages destinés à des loteries de bienfaisances. La duchesse de Montpensier toute jeune mariée, jetait un regard à la dérobée sur l’horloge, impatiente de quitter ce cadre un peu pesant, pour une promenade incognito au bras de son mari, ou une soirée au théâtre.

·         Apres la révolution de février 1848, le général Morvan eut à intervenir à Paris à l'Ecole Polytechnique dans des conditions très semblables à celles de mai 68. « En 1849 un souffle de révolte avait passé sur l'Ecole. Les élèves, peut-être surexcités et exaltés par la pression trop forte qu'exerçaient les chefs et désireux de montrer une insoumission qui semble de règle dans bien  des écoles (écrit en 1882) se soulevèrent en insurgés, et force fut au gouvernement d'intervenir et de menacer de licencier l’école. Le général Morvan fut chargé de porter cette décision aux élèves par un ordre de mission du Ministère de la Guerre. Il trouva des jeunes gens hors d'eux, qui ne voulaient entendre aucune parole de paix ni de conciliation. Cependant au lieu de commencer par les menaces et les mesures de rigueur, il évoqua ses années d'étude dans cette même école, la nécessité qu'il avait sentie, lui orphelin, de se tracer un avenir, de la chance qu'avaient ses interlocuteurs d'avoir encore leur famille, qui risquait d'être consternée s'ils étaient licenciés à cause de leur insubordination. Il faut croire qu'il fut éloquent, les élèves se calmèrent et le général Morvan reçut les félicitations du Conseil des Ministres. Ses rapports avec le Prince-Président puis Empereur, furent plus tendus qu'avec la famille de Louis-Philippe. Il fallait bien  de temps en temps paraitre aux jeudis de l’Elysée ; une fois qu'il avait salué le Prince-Président, il se tenait à l’ écart dans un des salons soit causant avec un camarade, soit observant seul le coup d'œil du Palais. Un soir Louis Napoléon faisant sans doute l’appel des invités qui formaient déjà sa cour, aperçut Morvan dans le coin d'une galerie, dérobé par ses filles et plusieurs autres personnes. Il le reconnut et l’interpella: « Eh bien, général Morvan, vous êtes bloqué! » Morvan s'inclina seulement sans révéler un mot que d'autres auraient pu trouver blessant. A une autre occasion, Napoléon III eut tout loisir de connaitre la loyauté de Morvan envers ses camarades. Sollicité par l'Empereur de critiquer une attitude à Rome du maréchal Vaillant, il répondit au Souverain que le maréchal étant sur place, était le meilleur juge de ce qu'il fallait faire. La seule intrusion de notre ancêtre dans les affaires fut un poste d'administrateur des Forges de l'Aveyron. II s'y lia avec le Duc Decazes qui en était le président et chez qui il dinait souvent. II y rencontrait M. Thiers et différents hommes politiques.

·         En 1852, le général Morvan, qui habitait alors rue Godot-de-Mauroy, fut mis a la retraite et en 1854 nomme grand officier de la Légion d'Honneur. Je ne décrirai pas ce que fut sa retraite, car notre grand’mère décrit ces années dans les pages qui suivent. Il mourut en 1873 avec calme et résignation. Par un dernier geste de modestie et peut-être de fierté, il avait comme un autre général un siècle plus tard exprimé le désir formel que les honneurs dus à son rang dans la hiérarchie militaire et dans la Légion d'Honneur ne lui soient pas rendus. »

·         Remerciements à deux descendants du Général: Sylvie-Lelouarn-Motte, qui nous a fourni ces documents et à Philippe Vinchon pour les photos du Général Morvan, de sa fille, petite fille, arrière petite fille..

Les enfants d’Amédée II et Marie Prouvost furent :

    * Amédée Prouvost époux de Céline Lorthiois

    * Jeanne Marie Prouvost époux de Jules Pierre Toulemonde

    * Thérèse Prouvost épouse de Joseph Lesaffre

    * Solange Prouvost épouse de Georges Heyndrickx

    * Elisabeth Françoise Prouvost épouse d'Henri Dubois

    * Marthe Prouvost épouse de Jacques Lenglart

    * Marie Prouvost.




17: Amédée III Prouvost (1877-1909)

Amedee-III-Prouvost

Lauréat de l'Académie française (prix Archon-Despérouse)

et Lauréat de la Société des Sciences et des Arts de Lille,

 il a publié : « L’âme voyageuse », poèmes (1903) ;

« Le Poème du Travail et du Rêve (1905):

- « Sonate au clair de Lune »- poèmes couronnés par l’Académie française (I906);

-Conte de Noël, saynète en vers  illustrée par André des Gachons (1907).

 Estaimbourg-Prouvost

Photo-Hervé-Toulemonde

Extraits de l’ouvrage du chanoine LECIGNE, « Amédée Prouvost », chez Grasset 1911

« Dès l’âge de cinq ans, Amédée Prouvost se sentit dépositaire d’une tradition et comme l’héritier présomptif d’une royale lignée :

il apprit un à un le nom de ses prédécesseurs et que chacun d’eux signifiait depuis quatre siècles et demi, 

beaucoup d’honneur, de travail et de foi chrétienne. 

On ne voulut pas qu’il puisse méconnaître ce passé et, si, par impossible, il lui arrivait d’être infidèle, qu’il eût l’excuse de l’ignorance.
 

Un jour le père prit la plume et, sans orgueil, sans autre prétention que de donner à ses enfants la conscience intégrale de leurs origines, 

il écrivit les annales de sa famille. 

Avant tout, il songea à celui qui était son premier né, l’espérance de la dynastie ; il s’adressa à lui :

 
« Je crois utile, mon cher fils, dès tes premiers pas dans ta vie d’écolier, de t’initier à ce que tes maîtres ne pourront t’enseigner avec autant de persuasion que ton père, j’entends

L’amour de la famille,

Le respect de ses traditions d’honneur,

Un attachement inébranlable aux convictions religieuses de nos pères,

Et

Leur fidélité aux traditions monarchiques.

Je considère comme un devoir

De te donner comme modèle  cette lignée d’ancêtres. 

Si elle ne compte pas d’hommes illustres, il doit nous suffire de dire avec 

Pierre Prouvost en 1748 : 

« Voila la description des descendants des Prouvost et de ceux qui se sont alliez jusques à la fin de cette année mille sept cens quarante huit. Et on peut dire sans vanité, que lesdits du surnom Prouvost, ont toujours vécu en gens de biens, d’honneurs et de bonne réputation en la foi catholique apostolique et romaine et les plus notables des villages qu’ils ont habitez » 

Et puis, ayant dit cela, il le conduisit devant la muraille où s’alignaient les portraits des aïeux paternels.

Ce ne fut pas une revue fastueuse, théâtrale, comme on en voit dans le drame romantique. 

Devant la figure de Jean Prouvost, seigneur de Wasquehal en 1460, échevin de Roubaix  en 1474, 

le père ne dit pas à son enfant :

C’est l’ainé, c’est l’aïeul, l’ancêtre, le grand homme !

Il lui rappela seulement qu’il avait vécu en honnête homme et en brave chrétien. 

Le suivant s’appelait Guillaume Prouvost, lequel fut à la fois laboureur de terres et chef d’industrie.
Il est le modèle de la race : il associe ses fils à son labeur et à ses affaires.
On peut dire qu’après lui « cette habitude de travail se transmit de père en fils et fut, dans la famille Prouvost enseignée comme une loi, inculquée et imposée comme une obligation envers Dieu et envers le pays ».
La généalogie se continue ; chacun des portraits est celui d’un laborieux et d’un dévoué.
Les épouses valent les époux ; elles sont la main qui se tend vers les pauvres et qui répand l’aumône.
Vers 1681, Marguerite de Lespaul, veuve de Pierre Prouvost, lègue à la paroisse de Wasquehal cent trente livres parisis à charge de prières
« et le reste des revenus à acheter des camisoles pour les pauvres vieil hommes ».

 Dans la famille Prouvost, les femmes se haussent facilement jusqu’à l’héroïsme. » 

 

Autre extrait d’un ouvrage sur les poètes du Nord :

« Amédée Prouvost,

Lauréat de l'Académie française (prix Archon-Despérouse)

Et Lauréat de la Société des Sciences et des Arts de Lille,

 Il a publié : « L’âme voyageuse », poèmes (1903) ;

« Le Poème du Travail et du Rêve (1905):

- « Sonate au clair de Lune »- poèmes couronnés par l’Académie française (I906);-Conte de Noël, saynète en vers  illustrée par André des Gachons (1907).

«  Le volume de M. Amédée Prouvost : « Sonates au clair de lune» contient de jolies pièces d’un charme délicat, d'une inspiration familiale et tendre. Le vers est aisé, noble.

Ferme, d'un mouvement poétique souvent heureux » a dit Gaston Boissier, de l’Académie française, dans son rapport sur les prix littéraires.

II a collaboré au « Beffroi », à la « Revue septentrionale », à la « renaissance latine », à Durendal, au « Correspondant »; aux « Annales », à la « Revue de Lille ».

M. Prouvost a passé un à l’Université de Bonn (Allemagne) comme étudiant en lettres, il a diverses reprises: voyage en Italie, Egypte, Palestine, Turquie, Grèce, Tunisie.

« Amédée Prouvost, fils de Roubaix, la Cité aux  grandes cheminées fumeuses, est un des fidèles du Beffroi »,

A ce double titre, il appartient à la jeune phalange des Lettres Septentrionales"

Définir des livres d’un écrivain, c'est définir l’écrivain lui-même. Amédée Prouvost est tout entier dans ses deux recueils « l’âme voyageuse », le « Poème du travail et du

Rêve » ; c’est de ce dernier que, spécialement, que nous parlerons, étant, sinon le meilleur, du moins le plus récent.

Amédée Prouvost qui est en même temps l’un des heureux de ce monde, le fils du pays de l’usine, jette un regard d’artiste, mais d’artiste seulement, sur le grouillement noir ou

s’exténue le travail moderne. Les rimes, non vulgaires, sont toutes bruissantes du frémissement farouche des machines en marche et la courbe précise du vers dessine à nos yeux

 minutieusement le geste même de l’ouvrier attentif aux mouvements des engrenages. Parfois, une pesée de songe vient déchirer la brume opiniâtre et c’est « Le rouet des

grand’mères » ou la « Navette agile du vieux tisserand à la main » qui s’évoquent. Un coin d’horizon s’entrouvre au bout du canal où passent les chalands et voici s’élargir

tout l’espace. Voici des prairies en perspective et d’innombrables troupeaux dont la dépouille compose les tissus de l’usine.

Un lyrisme continu et mesuré signale ces sonnets d’une rare maitrise d’exécution. Avant toute choses, Amédée Prouvost est un consciencieux. Son talent est fait de précision,

d'équilibre et de sérénité et sa technique, traditionnellement pure, n’emprunte rien aux véhémences prodigieuses d'un Verhaeren, Tout est pondération et sagesse en sa poésie

et, à ce titre, elle apparaît, avant toutes choses, comme une grande leçon morale.

II dit sa vie égale et attentive d'industriel délicat et lettré et cela est beau".

 

Voici un poème sur sa bonne ville de Roubaix :

 

«  Ville sans passé d'art, sans beauté, sans histoire,

Ville de l'énergie et des âpres labeurs,

Voici que l'incessant effort des travailleurs

Te ceint du vert laurier des fécondes victoires ; 

 

Dans le triste décor de tes murailles noires,

Sous cet épais brouillard de suie où ton ciel meurt

Et qu'emplit le travail d'une longue rumeur,

Tu frémis, volontaire et promise à la gloire.

 

Ville énorme, grand corps aux vertèbres de fer,

Ton sol, pareil aux durs rochers que bat la mer,

Tremble au trépidement des machines brutales;

 

O cité, ton renom s’étend à l'univers,

Et je veux exalter ta grandeur en mes vers,

Ville des artisans, 0 ma ville natale ! »

 

Jules Lemaître, de l’Académie française, préface «les « Pages choisies et inédites » :

«  Il y a quelques années, à la commission du prix Archon-Desperouses, M. Henri Lavedan nous dit qu'il avait distingué un volume intitulé

« Sonates au clair de lune», et nous en lut une pièce: « A un ami religieux. » Il nous parut que ces vers avaient de la Jeunesse, de l’émotion, de la grâce ;

et c'est ainsi qu'Amédée Prouvost eut une part du prix des poètes.

Un peu après, il vint me voir. J'ai gardé le souvenir d'un grand Jeune homme blond, élégant, très doux, et qui me plut tout de suite par un charme d'intelligence, de franchise, de cordialité.

J e ne le revis point. L’année dernière, Amédée Prouvost mourait à trente et un ans ...

Amédée Prouvost eut une âme charmante et une vie harmonieuse. Son enfance fut nourrie de tendresse. 1l avait sept sœurs qui l'appelaient « le petit roi ». II fut élevé par des prêtres (et cela se devine dans ses vers, a certaines inflexions). Il voyagea. Il vit l'Orient. Cet homme du Nord était amoureux de la lumière et du soleil. Il fit un mariage d'amour, à la fois romanesque et raisonnable. Il eut deux enfants. II travailla gaiement dans l'usine familiale ; et, comme c'était une âme ouverte à tout, il sut comprendre la phobie de la Cité noire et la sombre beauté des machines ... II aimait la musique, et les arts, et toutes les formes de la beauté. Tout cela, semble-t-il, avec un peu de fièvre, une hâte de vivre ...

Il exprima sa vie elle-même dans des poésies presque involontaires, écrites au jour le jour, qui valent dès le commencement, par la sincérité de l'émotion, et à mesure qu'il vit, par une forme plus savante et plus pure. Son cœur et son esprit ne cessèrent point de s'enrichir. Vers la fin, la piété de son adolescence lui revint tout entière: et quoi de mieux à la veille de mourir?

Celle qui le pleure et qui ne se consolera jamais peut se dire pourtant que la vie d’Amédée Prouvost fut belle et heureuse, toute pleine de pensée et d'amour, et qu'elle n'eut de triste, en somme, que sa brièveté ... Et, parce qu'elle fut courte, les reliques en seront plus chères et plus précieusement gardées, et moi-même, qui connus à peine cette âme si aimante, je ne l'oublierai plus. »

Amedee-III-Prouvost

Amedee-Prouvost-1922

L’hôtel Amédée Prouvost

hotel-Amedee-Prouvost-Roubaix

à Roubaix, classé Monument Historique par arrêté du 30 avril 1999, construit vers 1880 par son grand-père Amédée Prouvost.

 

Un monument en l’honneur du poète Amédée Prouvost

a été érigé dans le parc Barbieux à Roubaix,

ROUBAIX/achillesegard.jpgMonument-Amedee-Prouvost-RoubaixMonument-amedee-Prouvost-parc-Barbieux-RoubaixAmedee-III-Prouvost

Achille Segard ; Le mouvement littéraire du « Beffroi » : Amédée Prouvost III et son monument au parc Barbieux.

Le fief des Huchons correspondait à peu près à l’actuel parc Barbieux de Roubaix à la limite de Croix « Huars Prouvost était en 1397

tenancier de la seigneurie de Favreulles, appartenant aux Seigneurs de Roubaix  et de Croix. Il labourait à son compte une surface considérable comprenant la Verte Rue (résidence actuelle de nos confrères et amis Motte), le manoir de la Haye (aujourd’hui avenue Gustave Delory), les monts de Barbieux (notre jardin public), les quartiers du Moulin et du Trichon, jusqu’à la rue de la Mackellerie «  Albert Prouvost, discours  du centenaire du Peignage Amédée Prouvost, 1851-1951.

Huars-Prouvost

 

fief-Huchon-Prouvost

Les terres de la famille Prouvost à Roubaix au Moyen-âge.


18: Amédée IV Prouvost  (1906-1972)

époux de Françoise Leclercq

« Le  nom de Le Clercq est I'un des plus anciens que révèlent les documents des archives de Roubaix. En 1449, parmi les notables et échevins de Roubaix qui déposèrent à l'enquête tenue au sujet de la quote-part à assigner à la paroisse dans l’aide accordée au souverain, figurent «Jehan Le Clerc et Jacquemart Le Clerc. » D'après Ie même acte, un autre Jacquemart  Le Clercq paraissait être le censier de Burie-Courcelles. (Source de l’histoire de Roubaix, n°300) La charte des arbalétriers instituée par Pierre, seigneur de Roubaix, en 1491, est signée par Willaume Le Clercq et Philippot Le Clercq, dit Gadet. Adrien Le Clercq était  marguillier en 1578. Le 21 mars 1609, Louis Le Clercq et sa femme donnent à la table des pauvres une lettre de rente de 18 livres 15 sous, à charge de 6 obits. (Archives de Roubaix, GG, 234) Jean Le Clercq, épousant, le 20 octobre 1620, Braisette du Pret, a pour témoin messire de Graincourt, grand bailli de Roubaix. (Archives de Roubaix, GG.4)
Jean Le Clercq, fils de Philippe,  qui relevait le fief du Waut en 1674, avait été en 1659 I'un des Egards de la manufacture; il était échevin en 1673-1676. Au XVII° siècle, les Le Clercq étaient groupés en plusieurs familles de condition différentes ; ils étaient nombreux dans l’industrie. De 1609 à 1778, on compte quatorze Le Clercq parmi les Egards de la manufacture ; plusieurs furent échevins, entre autres, Etienne Le Clercq qui parait avoir été le personnage le plus important des familles de ce nom.
 Etienne Le Clercq épousa, en 1670, Marie-Elisabeth Lepers, fille de Jacques et d'Agnes Le Comte.. II était égard de la Manufacture en 1673-1674, et acquit en 1685 l’hôtel des arbalétriers de la rue Saint-Georges à Roubaix. Etienne Le  Clercq fut l'un des quatre échevins qui, le 28 octobre 1696, s'etaient joints au lieutenant et au greffier pour aller à Lille entretenir le prince d'Epinoy, marquis de Roubaix, des affaires de  la. Communauté et qui, au retour, furent enlevés  par un parti ennemi, conduits a Ath, retenus en otages et, après six semaines de détention, forcés de souscrire une rançon de 16,000 florins.
Etienne Le Clercq et Marie-Elisabeth Lepers eurent au moins onze enfants parmi lesquels :
 1)    Etienne Le Clercq, qui, né en 1673, s’unit en 1710, étant agé de 37 ans, à Elisabeth Le Comte. De cette union sont nés : Agnès Le Clercq, qui épousa, en 1734, Ignace d'Assonvillc, et Jean-Baptisle-Etienne Le Clercq, né en 1717.
2)     Anne-Marie Le  Clercq  qui s'allia à Jaspart Le Comte.
 3)     Jean-Baptiste Le Clercq, né en 1682, prêtre, doyen de Chrétienté à Tourcoing. Son père lui avait laissé l'Hôtel des Arbalétriers de Saint Georges.(Archives de Roubaix, GG, 287).
 Au dernier  siècle, les Le Clercq étaient  alliés aux familles Bulteau, Six, Dessaint et, plus recemment, celle des Dupire. En 1808, M. Louis Leclercq fit partie avec MM. Boyaval-Roussel, Floris Delebecque, Delecroix-Bulteau et réquillart-Holbecq, de la Commission municipale établie pour  administrer le bureau d'estampillage et de de mesurage des étoffes, et chargée aussi « du contentieux  des affaires relatives aux obligations des manufacturiers envers leurs ouvriers et de ceux-ci envers leurs maîtres».

Leuridan, les vieilles Seigneuries de Roubaix.

19: Amédée V Prouvost
  • époux de

    Monique Levêque, fille de Jacques Levêque 1893-1948, Colonel, Croix de guerre 14-18 et 39-45, officier de la Légion d'honneur (son père était Ingénieur des Arts et Métiers, Ingénieur principal des Chemins de Fer de l'Etat, ECP 1879) et  Marie-Louise Lefebvre-Pigneaux de Béhaine 1897-1985, fille de Francis Lefebvre-Pigneaux de Behaine,  comte romain à titre personnel par le pape en 1891, Chevalier de l'Ordre de Pie IX, Chevalier de la Légion d'honneur, ESM Saint-Cyr, promotion des Drapeaux, comte romain et Lefebvre de Behaine (2e, 1891), Chef de bataillon d'infanterie, 1860-1930; petite fille d’Edouard  Lefebvre-Pigneaux de Behaine, Secrétaire d'ambassade à Berlin (1864) et à Rome (1869), chargé d'affaire à Munich (1872), ambassadeur de France près le Saint-Siège (1882-1896) .Il fut autorisé, par décret impérial du 24 mars 1858 à ajouter à son nom "Pigneaux de Behaine". Il fut créé comte romain à titre personnel en 1871 et heréditaire en 1893. Titre reconnu en France par Mac Mahon en 1873. Rédacteur à la direction politique du département des Affaires Etrangères. Grand'Croix de la Légion d'honneur.Arrière petite fille de Armand Lefebvre, 1800-1864,  Ministre plénipotentiaire (1850), conseiller d'Etat (1852), Membre de l'Institut de France (Académie des Sciences Morales et Politiques, 14 avril 1855), Commandeur de la Légion d'honneur. Lui-même était fils de Pierre Edouard Lefebvre, (fils d’un avocat au Parlement), Directeur de la Bibliographie nationale, sous-chef du Comité de Salut public (1792) et sous-chef au Secrétariat général des Affaires étrangères (1794), secrétaire d'ambassade et chargé d'affaires, historiographe des Affaires étrangères. Officier de la Légion d'honneur. Il est anobli par Lettres Patentes de Charles X du 6 avril 1826, avec règlement d'armoiries : "d'argent, au cerf au naturel, passant sur une terrasse de sinople; au chef de sable, chargé de trois étoiles d'or."

  • Lefebvre-lettres-patentes-Charles-X-1826
     Monseigneur-Pigneau-de-Behaine

    Amédée Prouvost fut membre du conseil de surveillance de la Société Amédée Prouvost
  1. dont Alix, Amédée-Stéphane, Rémi

  2. 20: Amédée-Stéphane PROUVOST
Amédée-Stéphane PROUVOST
Statisticien-Economiste, Fonctionnaire international
Né le 21 février 1959 à Paris 16
e .

Fils d' Amédée Prouvost, et de Mme, née Monique Levêque.
Mar. le 4 mai 1991 à Mlle Clare Hepburn Cushman, Rédactrice, Directrice publications (2 enf. : Cordélia-Willow, Jasper-Amédée).

Etudes : Ecoles Saint-Louis de Gonzague à Paris et Sainte-Geneviève à Versailles, Université Paris IX-Dauphine, Ecole nationale de la statistique et de l´administration économique (Ensae), Wharton Business School à l'Université de Pennsylvanie (Etats-Unis).
Dipl. : Statisticien-économiste, Diplôme d´études approfondies (DEA) de finance internationale, Master of Business Administration (MBA).
Carr. : Attaché de direction à la banque Paribas (1983-84); au groupe Banque mondiale : Investment Officer (1984-86), Financial Officer (1986-89), Senior Financial Officer (1989-93), Représentant financier en Europe (1991-95), Principal Financial Officer (1993-2000), Manager Finance (2000-02) au département de mobilisation des ressources, Directeur financier de l'Agence multilatérale de garantie des investissements (Miga) (2002-06), Senior Adviser to the Group CFO (depuis 2006).

Membre de l´Automobile Club de France, du Metropolitan Club of the City of Washington et du Chevy Chase Club.

Coordonnées Prof. : Banque mondiale, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, Washington, DC 20433, Etats-Unis

Who's who

21: Jasper-Amédée Prouvost

Les filiations sont issues de la base généalogique Roglo, de l’annuaire Ravet-Anceau et des recherches sur Internet.

Il y a aussi tout ce dont nous n’avons pas l’information.

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